Ce metteur en scène qui revendique ne monter que des textes contemporains, et c'est tout à son honneur, a jeté son dévolu sur la fable post-atomique du dramaturge anglais Dennis Kelly, dont il avait déjà fréquenté l'écriture en 2017 avec Mon prof est un troll, une production jeune public pour les Tréteaux de France. Après la fin commence par le sauvetage de Louise, après une explosion atomique dont on ne saura rien, par Mark.
C'est un récit de naufragés, une femme et un homme qui se retrouvent dans un abri anti-atomique avec de quoi subsister pour quelques jours. Vont se mettre en place des mécanismes révélant « les enjeux de pouvoir, de contrôle et de liberté de chacun dans un espace clos ».
L'un est propriétaire, il instaure les règles, l'autre est hôtesse et n'a d'autre choix que de s'y plier. Ou se rebeller. La langue de Kelly est rêche, saccadée, et le jeu des deux interprètes très physique, mené tambour battant par Baptiste Guiton qui cherche « un théâtre à l'os, dont les corps et les mots sont les outils essentiels d'une représentation de la décadence. »
Entre bunker et cage, la scénographie de Quentin Lugnier projette le public dans un lieu à la fois fantasmé et réaliste qu'une échelle coupe en son milieu, s'élevant vers le plafond et l'a trappe qui ouvre vers l'extérieur.
Les lumières de Julien Louisgrand isolent les visages et leur donnent un étrange relief, accentuant les traits et renforçant l'atmosphère de fin du monde qui flotte sur le plateau. Thiphaine Rabaud Fournier est formidable de justesse en créature faussement fragile, tout en muscles et en nerfs, et Thomas Rortais relève allègrement le défi d'un personnage qui oscille toujours entre vulnérabilité et virilité.
TNP, jusqu'au 21 février, www.tnp-villeurbanne.com