S'il ne convient pas de parler de reconnaissance, l'œuvre de Jacques Truphémus étant reconnue depuis fort longtemps, il faut bien admettre que cette vente marque un tournant dans la cote de cet artiste lyonnais. Sa réputation autant que sa renommée ont cette fois tout particulièrement dépassé les frontières du microcosme lyonnais et c'est un vrai plus autant pour lui que pour la peinture lyonnaise en général. Si certains peuvent regretter que l'ensemble de cet atelier n'ait pas été conservé dans son intégralité au sein d'un musée, on ne peut que saluer l'engouement des collectionneurs à faire entrer Jacques Truphémus dans le panthéon des artistes incontournables.
On n'achète pas un « Truphémus » pour sa signature mais bien parce que c'est une œuvre remarquable qu'on aura plaisir à contempler, étudier, lire et chaque fois recommencer. Bien sûr on peut qualifier d'égoïste le caractère à vouloir posséder pour soi seul l'œuvre d'un artiste mais il faut bien admettre que ces acquisitions dans de grandes et moins grandes collections sont également une source d'approvisionnement quasi sans limites pour les organisateurs d'expositions. Tout collectionneur rêve en secret de prêter une de ses pièces pour une exposition, c'est la consécration suprême pour un tableau, l'instant magique où il réapparaît avant de redevenir invisible et d'être à nouveau attendu.
De cet état de fait naît ce que les habitués des salles des ventes appellent la « chauffe ». On a beau se donner une limite de prix dans sa potentielle acquisition, on la pousse en fait jusqu'à ses derniers retranchements jusqu'à la dépasser allégrement, emporté dans son désir d'acquisition. C'est le jeu des enchères qui amène, entre autres, à dépasser largement les estimations et approcher voire dépasser des records mondiaux.
Ce fut le cas le 22 septembre pour cet Intérieur de café, soir, circa 2010, une huile sur toile remarquable de Jacques Truphémus, attendue avant la vente entre 4 000 et 7 000 €. Belle bataille d'enchères pour une adjudication finale à 41 000 € (hors frais), de quoi susciter une salve d'applaudissements, record mondial établi ! Mais la même aurait pu saluer les 18 100 € (hors frais) atteints par cette Porte de l'atelier au Vigan, circa 2012 ou ces 14 000 € (hors frais) réalisés par ce Bouquet sur fond bleu dans l'atelier, 2006.
Hommage pour suivre aux portraits si chaleureux d'Aimée, l'épouse de Jacques Truphémus, avec les 20 000 € (hors frais) portés par un acquéreur sur Aimée assise devant un fond bleu, circa 1999, ou encore les 12 000 € au marteau atteints par Aimée lisant sur le divan avant de conclure en amoureux de notre ville de Lyon sur la belle enchère à 17 500 € (hors frais) portée par un amateur sur cette vue de la Colline de la Croix-rousse, huile sur toile peinte par Jacques Truphémus en 1972.