Pour ce dernier round après 11 ans de bons et loyaux services, Sens dessus dessous, lancé par Dominique Hervieu peu de temps après son arrivée à la tête de la maison de la danse de Lyon, donne à voir, comme toujours, des propositions atypiques qui bousculent nos certitudes, du 20 février au 3 mars.
Ainsi de Le chœur, proposé par Fanny de Chaillé, chorégraphe française peu présente sur les scènes lyonnaises. Même si le public d’ici a pu voir son travail en 2019, dans une surprenante conférence du fameux texte de Michel Foucault, L’ordre du discours (sa Leçon inaugurale au Collège de France) et qu’il pourra de nouveau faire une incursion dans son univers avec le focus programmé au Théâtre nouvelle génération (TNG) en mai prochain.
Créé en 2020, dans le cadre de l’opération Talents ADAMI, Le chœur est un projet qui a dû repenser ses modalités de fonctionnement entre deux confinements, et est devenu une "expérience chorale et polyphonique qui repense le statut de l’acteur", à partir du poème Et la rue de Pierre Alferi.
Festival Sens dessus dessous : des propositions singulières
Tout aussi singulière semble être la proposition de Hélène Iratchet, jeune chorégraphe installée à Saint-Étienne, qui propose rien moins qu’une création "quelque part entre Pina Bausch et Catherine Maillan". Soit Les délivrés, un opus qui promet toutes les extravagances d’un duo qui détourne les conventions et les usages pour déconstruire les codes de la société du spectacle et de l’uberisation du monde.
Tout un programme, à l’instar de la pièce de Sylvia Gribaudi, Grâces, qui déplace le regard et les genres. Inspirée de la célèbre sculpture de Antonio Canova, Les trois Grâces, réalisée au tout début du XIXe siècle, elle met en scène trois jeunes éphèbes et la chorégraphe se moquant joyeusement des canons de beauté ordinaires pour célébrer la diversité des corps et remettre en question les stéréotypes de genre. Une pièce joyeuse et jubilatoire comme sa chorégraphe, Sylvia Gribaudi dont on n’a encore jamais vu le travail dans la capitale des Gaules.
Tiago Guedes, nouveau directeur de la maison de la danse et de la Biennale à Lyon
Parole aux femmes à la maison de la danse de Lyon
La nouvelle pièce de Nach, artiste associée à la maison de la danse cette saison, attise également la curiosité. Première création de groupe pour la krumpeuse touche-à-tout, Elles disent donne la parole à quatre femmes qui entrelacent leurs histoires et leurs fêlures dans une danse puissante, mêlant des voix et des gestes.
Tout comme Glottis de la chorégraphe Flora Détraz (qui a par ailleurs travaillé avec Nach), qui explore la "dimension surnaturelle de la voix" dans un trio féminin. Ou Fiasco du Collectif ES, une compagnie repérée dans la région qui a été artiste associé jusqu’en 2022 à la Rampe-La Ponatière d’Échirolles, que la maison de la danse avait déjà invitée lors d’un précédent Sens dessus dessous.